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Le roman de Miguel

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Personnage de roman, Miguel Martinez a tout vécu durant sa carrière tout-terrain : la gloire, en cyclo-cross et en VTT, les lumières du Tour de France, les déboires conjugaux et... la rubrique faits divers. Celui qui réside désormais dans un ancien presbytère vient de fêter ses 40 ans et promènera sa bonne humeur et sa mélancolie, dimanche après-midi, dans les prairies de Lanarvily.

 

 

1. L'arc-en-ciel en cyclo-cross. Fils aîné de Mariano, meilleur grimpeur du Tour de France 1978 (le premier remporté par Bernard Hinault), Miguel Martinez s'est fait un prénom dans les sous-bois. Ceux de... Lanarvily, en devenant champion de France espoirs, en janvier 1996, et ceux de Montreuil où le jeune homme de Fourchambault avait décroché la lune et l'arc-en-ciel des championnats du monde, une semaine plus tard, en Seine-Saint-Denis. Paré de bleu-blanc-rouge dans toutes les catégories jeunes, le petit Bourguignon (1,64 m) du très réputé CSM Persan n'a pourtant pas fait carrière en cyclo-cross, délaissant même la spécialité (à l'orée des années 2000) qui l'a révélé pour les sirènes de la route. De retour dans la Nièvre (dans l'ancienne maison du curé de Garchizy) depuis quelques mois, après avoir successivement cédé aux charmes de la Côte d'Azur et de l'Italie, Miguel Martinez, très croyant, est aussi revenu à ses premières amours et totalise une quinzaine de cyclo-cross (quatre succès) cette saison, un record de participation depuis son avènement. Le circuit du Mingant (« où j'avais failli m'envoler en 2004 à cause de la tempête ») constituera son dernier cross de l'hiver. Mais certainement pas le dernier de sa carrière.

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Miguel Martinez en bref


2. L'or à VTT. Avant de prendre la route, « pour faire comme papa », Miguel Martinez a d'abord bifurqué par le VTT. C'est là, sur les sentiers scabreux du vélo tout-terrain que le feu-follet nivernais (« mini Mig » comme il se fait appeler sur sa page Facebook) a vécu les plus grands moments de son incomparable carrière. Champion du monde espoirs en 1997 (devant un certain Cadel Evans) et en 1998, champion du monde élites en 2000, il a obtenu le Graal, l'or olympique, à l'occasion des JO de Sydney. « C'est en VTT que j'étais le plus fort, aucune course ne m'a échappé ! Fin 2006, ça devenait tendu à la maison, j'ai préféré arrêter », sourit celui qui, après une tentative avortée de retour en 2009 (« un sponsor m'avait lâché »), des séances de coaching en Californie et la création d'un centre de VTT sur la Côte d'Azur, l'année suivante, a retrouvé sa discipline de prédilection. Vététiste et entraîneur... de la sélection chinoise, il ne désespère pas d'être sélectionné pour les Jeux de Rio. « Ce serait beau de finir là-dessus, non? ».

3. Les projecteurs du Tour. « Quand j'étais gamin, je voulais ressembler à mon père. Je rêvais du Tour de France, je m'imaginais avec le maillot à pois sur les épaules », confie le fils de Mariano. Miguel n'a pas eu l'honneur d'endosser la tunique de meilleur grimpeur sur la Grande Boucle mais il est passé professionnel en 2002. Au sein de l'équipe italo-belge Mapei-Quick Step (aux côtés des Bettini, Freire et autres... Cadel Evans) avec qui il a remporté une étape du Tour de Navarre et découvert les projecteurs du Tour de France (44e au général), puis au sein de la formation suisse Phonak où, jure-t-il, il n'a jamais cédé à la tentation du dopage malgré les inévitables suspicions. Son expérience chez les pros a cependant tourné court. « Ma femme ne voulait pas que je fasse de la route. Je tenais à elle, j'ai arrêté fin 2003 », raconte-t-il, frustré d'avoir écouté sa moitié. « J'aurais dû continuer, je le regrette. Je ne suis pas allé au bout de mon rêve. Je suis resté sur ma faim. En plus, mon couple n'a pas tenu... » Repassé professionnel chez Amore e Vita, une modeste équipe transalpine, en 2008, il n'est jamais parvenu à se relancer. « Si j'étais arrivé chez les pros en 2016, j'aurais été parmi les meilleurs. Quand je regarde mes temps de l'époque... »

4. Le couteau sous la gorge. « Je suis un grimpeur, ma vie est faite de hauts et de bas... », résume, la voix triste, Miguel Martinez. Le Nivernais ne fait pas seulement allusion à son itinéraire bis et à ses chemins de traverse (« J'ai toujours fait ce que je voulais faire, sans me préoccuper du regard des autres »). Le Bourguignon fait également référence à son histoire, à ses déboires sentimentaux (« ma première femme m'a traîné devant les tribunaux, la deuxième m'a quitté du jour au lendemain, je ne sais pas où elle se trouve... », à ses deux fils qu'il ne voit pas assez souvent (« le grand marche fort en VTT... ») et à la violente agression dont il a été victime en août 2012. « Trois membres d'un réseau organisé, qui m'avaient déjà lésé dans la construction de ma maison, ont tenté de me voler mon cabriolet, Je me suis retrouvé avec un couteau sous la gorge, j'ai passé un mois à l'hôpital. Je suis devenu une proie. Un d'entre-eux a fini en prison mais les deux autres ont à nouveau essayé de me faire la peau. J'ai préféré m'exiler en Italie ». Où il a repris le vélo. Eternel recommencement. « Ma vie, c'est les montagnes russes. Elle ne me déplaît pas, même si je l'aurais préférée moins agitée ».

5. Une vie à vélo. La boucle n'est pas bouclée, le sera-t-elle un jour d'ailleurs ? « Si quelqu'un m'avait dit, en 1996 à Lanarvily, que je serai au départ de l'épreuve 20 ans après, je l'aurais pris pour un fou... », s'amuse-t-il. Miguel Martinez, 40 ans depuis dimanche dernier, cavalera pourtant comme un cadet, ce week-end, sur les bords de l'Aber Wrac'h. « Le vélo, c'est un mode de vie, une libération. Quand j'ai tout arrêté (entre 2010 et 2012), je me suis aperçu que je ne pouvais pas m'en passer. J'ai le vélo dans la peau », s'excuse-t-il presque. Quant aux femmes... « Je suis un coeur à prendre. Mais je ne veux pas d'histoire compliquée par rapport au vélo. Si c'est encore le cas, je préfère rester seul... »

Dimanche à Lanarvily

Philippe PRISER – Article Le Télégramme du 22/01/2016